Passer (notre amour) à la machine


Après un mois à se fabriquer de la corne dans les mains, s’y enfoncer des échardes et s’y coller des pansements, le temps est venu de passer aux machines. Beaucoup attendaient ça avec impatience, moi avec beaucoup plus de méfiance.
J’avais déjà pu mesurer les dégâts potentiels du travail à la main puisqu’une de mes camarades de classe s’est malencontreusement enfoncé un ciseau à bois dans la paume. Un nerf touché, une opération, un mois d’arrêt et de la rééducation, ça calme. Mais les ateliers regorgent d’anecdotes sur les accidents évités de justesse à base de machines qui s’affolent, pièces qui s’envolent et autres plaisanteries sur le nombre de doigts des ébénistes.

Notre prof ne cesse de nous dire que les accidents surviennent quand on est trop en confiance et que l’on cesse d’avoir peur. Je vais donc veiller à garder la mienne. A moi scie à ruban, dégauchisseuse, raboteuse, scie circulaire et toupie, avec concentration et appréhension.

Cadeaux faits main, Noël malin (radin ?)

La formation commençant par l’apprentissage du travail à la main, les premières conséquences sont : 1) la consommation importante de pansements puisque nous nous coupons allègrement les doigts avec nos ciseaux à bois et nos scies et 2) la collection de dessous de plats qui orne le dessus de ma cheminée. Lire la suite

C’est la rentrée !

Quelques jours avant les écoliers, me voici en train de préparer mon cartable qui sera un sac Ikéa, seul contenant possible pour les nombreux outils qui me font donc office de fournitures scolaires.
La formation se déroule à Villepinte, à plus d’une heure de chez moi et les cours débuteront à 8h me forçant à me lever aux alentours de 5h30… Et je ne suis PAS du matin c’est peu de le dire. Mais alors que nous ne sommes convoqués qu’à 10h pour une pré-rentrée qui ne doit durer que 2h, j’ai ouvert les yeux à 5h40 et j’ai été incapable de me rendormir. Me voilà donc dans le RER un peu en avance, excitée, dubitative, amusée.

L’impression joyeuse d’être en train de faire une grosse blague… je vais apprendre la menuiserie.

 

Gepetto [formations]

Walt Disney Company / http://www.disneyclips.com

Alors que j’étais persuadée que l’école Boulle était la seule voie possible, une autre s’ouvre à moi. Des personnes rencontrées par hasard, des amis d’amis… plusieurs me parlent de la même formation, à côté du Parc des Expositions de Villepinte, dirigée par un homme formidable… La même semaine, je passe donc un entretien pour entrer à Boulle et un autre pour l’Infa, à Villepinte.

Et je suis immédiatement conquise par le formateur de l’Infa dont je dirais en sortant au téléphone à ma cousine « j’ai trouvé mon papa du bois » (que Gérard me pardonne s’il lit un jour ces lignes… il n’a même pas 15 ans de plus que moi, donc pas l’âge d’être mon père !).

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La joie des rencontres

 Mon premier réflexe a été de chercher des artisans du bois dans mes réseaux sociaux professionnels. Un mail à un premier ébéniste, un peu au hasard, pour lui demander conseil, une réponse sympathique quelques heures plus tard m’invitant à un échange téléphonique aucours duquel il me donne plein d’informations utiles.
Puis ce fut une jeune femme qui s’était reconvertie dans l’ébénisterie et dont j’avais lue l’histoire dans un magazine. Encore une fois, un accueil chaleureux, vrai, dans son atelier cette fois,  me permettant de donner un peu plus de corps à mes projets encore parfaitement virtuels.
Et puis un troisième qui accepte de me prendre en stage pour valider mon projet à condition que je trouve une convention de stage. Un couple de menuisiers qui prennent des heures de leur temps pour m’expliquer leurs parcours, étudier avec moi les différentes formations possibles, me donner des contacts.
Un ami d’ami avec lesquel je passe une heure au téléphone et alors que je m’interroge 
 et m’affolle « mais comment est-ce qu’on prend une décision aussi radicale ? Sur quoi fonder un tel changement de vie ? », m’apporte une réponse évidente et lumineuse dont je mesure chaque jour la portée : « mais Claire, c’est la joie ».

Retraites bretonnes [genèse]

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J’aurais pu commencer par le récit d’une vie professionnelle qui a régulièrement déraillé du chemin que l’on pensait tout tracé, un parcours construit sur une volonté farouche de ne jamais porter de tailleur, ne jamais se laisser enfermer dans des cases et par une incapacité certaine à fermer sa bouche ni même à y tourner sept fois sa langue… ceci expliquant parfois cela.

Mais je me contenterai d’expliquer qu’à force de vouloir rester dans un troupeau qui n’était pas le mien, il y aura eu la mauvaise rencontre puis l’erreur de trop qui auront définitivement redistribué les cartes.  Lire la suite