
Après un mois à se fabriquer de la corne dans les mains, s’y enfoncer des échardes et s’y coller des pansements, le temps est venu de passer aux machines. Beaucoup attendaient ça avec impatience, moi avec beaucoup plus de méfiance.
J’avais déjà pu mesurer les dégâts potentiels du travail à la main puisqu’une de mes camarades de classe s’est malencontreusement enfoncé un ciseau à bois dans la paume. Un nerf touché, une opération, un mois d’arrêt et de la rééducation, ça calme. Mais les ateliers regorgent d’anecdotes sur les accidents évités de justesse à base de machines qui s’affolent, pièces qui s’envolent et autres plaisanteries sur le nombre de doigts des ébénistes.
Notre prof ne cesse de nous dire que les accidents surviennent quand on est trop en confiance et que l’on cesse d’avoir peur. Je vais donc veiller à garder la mienne. A moi scie à ruban, dégauchisseuse, raboteuse, scie circulaire et toupie, avec concentration et appréhension.

Quelques jours avant les écoliers, me voici en train de préparer mon cartable qui sera un sac Ikéa, seul contenant possible pour les nombreux outils qui me font donc office de fournitures scolaires.
N’étant pas totalement dingue – quoi qu’en pensent certains, je souhaitais valider mon projet de reconversion par un peu de pratique. Il me semblait impensable d’attendre d’avoir payé 15.000€ pour me rendre compte que ha ben non en fait, c’est pas ce que je pensais ce métier, finalement, bof ça ne me plaît pas trop. 
