Ce petit chemin

Bientôt un an que je n’ai pas posté d’article sur ce blog.

(J’ai continué à m’exprimer autrement et ailleurs, principalement sur Instagram où quasiment personne ne lit les textes cachés sous les photos. De ce fait, ça me semble le bon endroit pour livrer des réflexions un peu personnelles.)

Un an depuis que j’ai changé d’atelier et créé mon site de vente en ligne.

Un an de masques, de peurs, de couvre-feux, de retrouvailles, d’éloignement, d’hésitations, d’adaptations, de lâcher-prise, de pas de côté, de pas chassés, de sauts de chat. 

Un an à avancer comme j’ai pu. Comme tout le monde.

Raconter ma reconversion est une chose, exposer mes difficultés d’entrepreneure en est une autre. Si la première histoire est linéaire et progressive, la deuxième est chaotique et tient plus du labyrinthe de miroirs du Jardin d’acclimatation (de mémoire, le premier endroit où j’ai foncé droit dans un mur – il y aurait matière à moult métaphores, mais je vais m’arrêter là).

Un an pendant lequel j’aurais pu écrire le même article tous les trimestres : c’est compliqué, j’ai trop de choses à faire, je procrastine, je culpabilise, je n’arrive pas à m’organiser, je vends un peu, je ne regrette à aucun instant mes choix de vie, je vais bien, je ne sais pas comment commercialiser mes pièces, je cherche ma place, je tâtonne, j’avance, je bugue, je fais une pause, je vais voir la mer, je suis contente. Et on recommence.

Je pourrais faire un bilan, parler du Covid, du fonds de solidarité, des difficultés. Mais je n’en ai pas vraiment envie. Si le sujet vous intéresse, je dirai juste que j’ai eu probablement plus de chances que d’autres : j’ai pu toucher des aides et j’ai équilibré mon bilan professionnel cette année encore.
Pas de bénéfice, pas de pertes.
Et toujours pas de salaire.

J’ai récemment rencontré plusieurs personnes qui, découvrant mon parcours, s’inquiétaient de savoir ce que je ferais si je n’arrivais pas à vivre de mon nouveau métier et si je m’étais fixée une dead-line.
Les gens me renvoient leurs angoisses. Ce ne sont pas les miennes.
Moi, je pense que je vais réussir à vivre en faisant des choses qui me rendent joyeuse.
Et tant que j’en aurai l’envie et la capacité physique, je continuerai à avancer sur mon chemin de traverse sans savoir où il me mène. 
J’avancerai en dansant et en chantant comme au temps des promenades en forêt de mon enfance. Je déraperai parfois sur la gadoue, je me ferai des bleus et des taches, je passerai sous les barbelés, je cueillerai des fleurs sauvages, je m’abreuverai de soleil ou de pluie, je m’allongerai dans les prairies et j’essayerai de ne pas me perdre.

Parce qu’au-delà de ma foi et de ma joie, autre chose me porte.
Le sens.
Je cherchais à mettre du sens dans ma vie et je l’ai trouvé.

Pas uniquement parce que je me sens bien quand je travaille de mes mains et que j’exprime à travers la création quelque chose qui est en moi – même si c’est sans bien comprendre quoi ni comment.

Parce que les autres y trouvent du sens.

Je me souviens d’une conversation avec un collègue quand je travaillais dans l’événementiel qui me disait « on fait quand même des boulots difficiles ». J’avais vu la veille un reportage sur les troubles musculo-squelettiques des ouvriers qui travaillent sur les chaînes de production. Des employés d’une usine de transformation de volaille, qui passaient leurs journées à répéter le même mouvement pour découper les ailes des poulets, se retrouvaient tous avec un bras quasiment paralysé au bout de quelques d’années. Je lui avais expliqué que c’était ça un travail difficile. Ou celui des médecins qui sauvent des vies. Nous, on divertissait les gens. 

Aujourd’hui, je ne sauve toujours pas de vie mais ce que je fais est important aux yeux de mes clientes.
Je leur apporte de l’émotion.
Du sens.
Je reçois des messages de remerciement toujours bienveillants, souvent émouvants, parfois bouleversants.

Et ça, c’est un cadeau du ciel (mettez-y qui ou ce que vous voudrez).

Laisser un commentaire