Retraites bretonnes [genèse]

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J’aurais pu commencer par le récit d’une vie professionnelle qui a régulièrement déraillé du chemin que l’on pensait tout tracé, un parcours construit sur une volonté farouche de ne jamais porter de tailleur, ne jamais se laisser enfermer dans des cases et par une incapacité certaine à fermer sa bouche ni même à y tourner sept fois sa langue… ceci expliquant parfois cela.

Mais je me contenterai d’expliquer qu’à force de vouloir rester dans un troupeau qui n’était pas le mien, il y aura eu la mauvaise rencontre puis l’erreur de trop qui auront définitivement redistribué les cartes. Flash back, été 2015.
Fin d’une ultime et douloureuse tentative pour rester dans les rangs, je comprends qu’il est temps de changer les choses. Profondément.
Une petite maison tout au bout de la Bretagne, entre champs d’artichauts et plage déserte, sera l’idyllique refuge pour une retraite iodée nécessaire à ma réflexion. Et me permettra d’accueillir une sorte de vision. Rien de réellement ésotérique, juste un voile qui se lève sur un vieux rêve, une question qui revient à chaque fois que je croise un morceau de bois : « qu’est-ce que j’en ferais si je savais travailler le bois ? ». Comment répondre à cette question qui me taraude si je n’apprends pas… Deux heures plus tard, je m’inscris à une formation à l’école Boulle. Un cours de modelage qui apprend le travail en volume et les prémices de la sculpture sur bois. Seule formation disponible sans pré-requis ni conditions, seulement 3 heures par semaine… mais dans le temple du travail du bois. Un premier pas. Le premier pas. En rentrant de ma retraite, j’ai donc annoncé à qui voulait bien l’entendre que le fruit de ma réflexion s’était matérialisé en une inscription à un cours à l’école Boulle pour à terme peut-être faire de la sculpture sur bois. Peu ont compris l’importance que cela avait pour moi. Tous avaient une bonne blague avec le mot boule dedans.

Ce cours m’a permis de rencontrer des gens qui aiment le bois, certains en ont fait leur métier, d’autres le souhaitaient, pour les derniers c’était un loisir. Je ne savais pas encore où serait ma place mais ce sont les premiers auxquels j’ai avoué que c’est bien là que je la cherchais. Et puis il y a eu… Ma première visite d’atelier de sculpture avec un sourire béat. Mes premières journées portes ouvertes parcourue de frissons devant les établis. Mes conversations avec mon super prof.
Ma joie de tous ces moments-là.

Il y a eu aussi un paquet de sales nouvelles comme autant de rappels à l’urgence de vivre pleinement, de profiter, d’être vrai.
Alors je suis repartie en Bretagne pour mon habituelle retraite de changement d’année. J’ai poursuivi mes réflexions, recherches, lectures. Et quand mon père m’a appelée pour me demander si j’avais enfin trouvé ce que j’allais faire de ma vie, je lui ai répondu « ébéniste ».

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