… ou pas.
J’ai passé une grande partie de ma scolarité à être dans le peloton de tête et je trouvais ça bien confortable.
Si je me savais novice dans le travail du bois, j’étais loin d’imaginer que mes copains de classe seraient plutôt expérimentés. Dès notre rentrée, j’ai appris que la plupart avaient déjà réalisé des meubles, que certains avaient même des machines et un atelier dans leur garage. Les autres se sont présentés comme des « bricoleurs du dimanche ».
Peu après avoir annoncé que pour ma part je n’avais jamais travaillé le bois, un de mes voisins d’établi est venu me dire à quel point il trouvait formidable de ma part d’avoir osé me lancer sans expérience. On m’a fait plusieurs fois cette réflexion et je ne sais toujours pas si les gens admirent l’audace, l’inconscience ou la folie…
J’ai donc réalisé que je partais avec un handicap. A celui-ci s’ajoutent mon besoin de prendre mon temps et mon non moins chronophage perfectionnisme.
J’ai passé les premières semaines de la formation à m’affoler de voir les autres finir les exercices bien avant moi, à me sentir systématiquement à la traîne, à en plaisanter pour lutter contre les pensées négatives qui m’assaillaient trop souvent (je suis nulle / je n’y arriverai jamais / pourquoi les autres y arrivent et pas moi / je suis nulle / je suis nulle…).
Et puis.
Et puis j’ai relevé la tête, regardé autour de moi. J’ai vu les erreurs des autres élèves qui étaient les mêmes que les miennes, leurs ratés, leurs agacements et leur détermination. Et j’ai compris que la différence fondamentale c’est qu’ils continuaient à avancer quand chacune de mes bourdes me paralysait. Et ça a tout changé.
Bien sûr certains sont plus doués, d’autres plus expérimentés, parfois même les deux à la fois. Mais nous partageons tous la même envie, le même élan et je ne laisserai plus mes peurs m’arrêter.
Et je suis très fière de mon caisson et de ses 24 queues d’arondes !