La meilleure façon de marcher

IMG_5519Les dates anniversaires sont des balises. Qu’on le veuille ou non, elles invitent au bilan.
En l’espace de 3 semaines, j’aurai fêté 3 anniversaires.
Un an que j’ai quitté Paris ce mois-ci.
48 ans que je suis née aujourd’hui.
Et dimanche, je soufflerai la première bougie de mon entreprise.

Mon entreprise porte mon nom : j’ai 48 ans, j’ai un an.
Avec un peu de chance, je serais un jour une ado à la retraite. Mais sans retraite.

Bilan de l’année 1 : je n’ai pas perdu d’argent.
Objectif de l’an 2 : en gagner.
Ca se complique.

Tout se complique.

Jusqu’ici, j’ai navigué à vue. J’ai fait comme je pouvais. J’ai provoqué et saisi des opportunités, testé et expérimenté. Au petit bonheur la chance, celle des débutants.
Mais plus les mois avancent, moins je peux justifier ma totale désorganisation.

Certains me pressent de faire des projections financières, un plan de trésorerie, des rétro-plannings, un catalogue…
Mais après un break de fin d’année indispensable – et suffisamment long pour que je me demande si j’allais réussir à retrouver le chemin de l’atelier, je n’arrive à rien d’autre qu’à poncer et produire.
Parce que c’est le meilleur moyen de me vider la tête utilement.

Car il y en a des choses qui m’occupent la tête.
Par exemple trouver une solution pour ne pas passer un deuxième hiver dans un atelier sans chauffage.
Mais il faudrait aussi concevoir de nouvelles pièces, créer, mettre en ligne mon futur site web, m’organiser, anticiper, communiquer, appeler la CPAM, m’approvisionner en bois ancien, faire ma comptabilité, rencontrer des artisans, trouver des ventes, suivre des formations, faire ma déclaration Urssaf, démarcher de potentiels clients et boutiques, acheter des outils, payer mes assurances, établir des tarifs, me faire connaître, vendre, préparer les colis postaux, envoyer les factures, prévoir, calculer, ne plus procrastiner, avancer.
Et ne jamais s’arrêter.

Chaque moment consacré à autre chose qu’à mon activité professionnelle est source de culpabilité.

Chaque point d’interrogation soulève mille nouvelles questions.
Et je suis seule pour trouver les réponses.
(Auto-entrepreneur ça s’appelle. Start-up nation a dit l’autre qui discrètement vient d’écraser ce qu’il avait mis en place il y a à peine 12 mois, divisant par deux les abattements de charges prévus. Voyons le verre à moitié plein et réjouissons-nous de ne pas avoir fait de plan de trésorerie. Je vais pouvoir en faire avec les nouveaux chiffres et boire le demi verre pour faire passer la pilule.)

Voilà à quoi ressemble ce début d’année aux anniversaires multiples.
Je continue à « faire », mais je me sens comme dans ces cauchemars où on voudrait courir alors qu’on peine à soulever ses pieds.
Difficile de savoir si c’est la peur qui m’englue, si c’est une étape nécessaire de décantation ou s’il s’agit d’un bug plus inquiétant de mon système.

J’ai l’impression d’avancer en faisant du sur-place.
Une sorte de moonwalk en marche avant.
Alors disons que j’invente une nouvelle façon d’aller doucement de l’avant, en dansant.

 

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