
Ma nouvelle signature imparfaite née d’une parfaite erreur.
J’ai passé une grande partie de ma vie à vouloir tout anticiper, maîtriser, régler. Prévoir chaque détail pour que tout soit parfait.
Bref, à être perfectionniste.
C’est le défaut que je citais en entretien d’embauche puisqu’il est acceptable en entreprise : un trait de personnalité qui permet d’être hyper organisé, carré, fiable.
Avant même d’entamer ma reconversion professionnelle, alors que j’étais encore salariée, j’ai commencé à lâcher prise et à laisser couler certaines choses. (Au final, c’est moi qui ai coulé, mais ce n’est pas le sujet du jour. Quoi que. Il faut lire jusqu’au bout.)
Quand j’ai entamé ma formation en ébénisterie, j’ai dû me rendre à l’évidence : mon besoin de perfection continuait de s’effacer petit à petit.
Il faut dire que cet apprentissage n’a pas été sans difficultés. Principalement parce que mon cerveau est incapable d’imaginer une pièce en 3 dimensions avant qu’elle ne soit réellement dans ma main alors que la géométrie dans l’espace est la base même de la discipline.
J’ai donc appris à composer avec mes erreurs, accepter de ne rien maîtriser et à me réjouir de mes plus petites réussites, aussi imparfaites soient-elles. Et j’ai tiré une grande joie de chacune d’elles.
Aujourd’hui, je crée des objets à partir de vieux panneaux de bois, abîmés et tordus que je n’essaye surtout pas de redresser et dont je vénère les imperfections.
J’ai choisi une façon différente d’exercer mon métier d’ébéniste. Plus instinctive, plus aléatoire, qui me permet de sublimer les défauts du bois et d’accepter les miens.
J’avance sur le chemin de ma pratique manuelle et artistique comme sur celui de l’entrepreneuriat.
Car si les cordonniers sont les plus mal chaussés, qu’en est-il des ex-cordonniers ?
En tant qu’ex-professionnelle de la communication, je devrais être atterrée par l’inexistence de ma stratégie de communication.
Je n’ai pas de logo. Pas plus de site internet.
Pas de plan marketing pour la simple et bonne raison que mes créations évoluent encore chaque jour.
Je tiens ce blog qui était initialement réservé à mes amis avec un nom qui m’a fait rire quand je l’ai créé il y a 3 ans et voilà qu’un journaliste voulant me donner un coup de pouce annonce sur une radio nationale* que c’est le nom de ma marque.
Je n’ai pas de nom de marque.
Je ne suis pas une marque.
Je suis imparfaite et je compte bien le rester. C’est bien plus amusant.
* Oui, pour fêter mes 6 mois d’emménagement en Bretagne, j’ai été interviewée sur France Info. Pour écouter une version partielle, raccourcie, revisitée et donc imparfaite de ma reconversion, c’est ici : C’est mon boulot