
La vue à l’arrière de l’atelier. Là bas, c’est la vraie campagne.
Les parisiens – comme les habitants d’autres grandes métropoles polluées – connaissent tous cette sensation quand ils entrent dans un grand parc ou qu’ils osent s’aventurer assez loin du périphérique pour croiser un jardin ou une forêt : un choc olfactif, quelque chose qui s’ouvre dans la cage thoracique. L’odeur de la nature.
Depuis que je suis arrivée en Bretagne, je suis frappée par ce parfum à chaque fois que je sors de chez moi.
Et pourtant j’habite « en ville ».
Mais la ville ici sent la nature. La terre, les arbres et même parfois la mer, l’iode, alors que la première plage est à plusieurs kilomètres de chez moi.
Je suis déjà en train de m’habituer, le choc s’amenuise. Bientôt j’aurai oublié mon ancienne norme.
Bientôt peut-être aussi râlerai-je contre les mouettes qui seront devenues mes anciens pigeons.
Mais pour l’instant je souris à chaque fois que je les entends. Et je les entends souvent.
J’ai encore du mal à réaliser que j’ai déménagé. Que je vis vraiment ici. Que je ne suis pas juste en vacances avec toutes mes affaires et mes meubles.
Que je vais tenter de vivre de mon nouveau métier. Montrer mes créations. Annoncer leur prix sans baisser les yeux. Assumer. Accepter l’indifférence comme les compliments. Eviter l’auto-dénigrement. Vendre. M’exposer. Accueillir ce qui viendra. Vivre l’instant présent.
Joyeusement.

En ce moment je fais des galets en bois. Et ce n’est pas le numéro de la pièce :)