Alors que j’étais encore en train de me débattre avec le choix cornélien de l’organisme de formation, je me suis dit qu’il était temps d’aller sonder la réaction de mon conseiller Pôle Emploi – qu’accessoirement je n’avais jamais rencontré – face à l’éventualité de me reconvertir en menuisière.

Tout le monde sait que Pôle Emploi verse des allocations aux chômeurs pour qu’ils cherchent un emploi. Même quand il n’y en a pas. Mais si le chômeur envisage de se reconvertir dans un métier qui n’offre pas de perspective d’emploi, Pôle peut lui refuser le droit de suivre la formation, même si celle-ci est financée par le chômeur.
C’est donc pleine d’appréhension que  j’ai pris rendez-vous avec ma conseillère – il s’avérait que c’était une femme.
J’ai commencé sur la pointe des pieds en lui disant que j’envisageais de me reconvertir dans la menuiserie. Elle a à peine cillé et s’est mise à tapoter sur son clavier. Puis m’a demandé si c’était quelque chose que j’avais toujours rêvé de faire. J’ai répondu oui oui bien sûr et ai tu mes retraites bretonnes.
Au bout de quelques minutes, elle m’annonce que malheureusement elle ne peut rien me proposer en termes de financement mais que mes allocations seront maintenues si je décide de financer moi-même ma formation.
Soulagée malgré le fait que je viens d’apprendre que j’allais devoir trouver près de 15.000€ pour aller au bout de mes envies, j’avoue ne pas l’avoir réellement crue quand elle m’a dit qu’elle allait continuer à chercher des pistes de financement.
Quand j’ai reçu une convocation pour un nouvel entretien 15 jours plus tard, j’ai donc cru à une erreur.
Entre-temps j’avais pris rdv à l’Apec qui, si elle ne gère plus le chômage des cadres, reste toujours financée par leurs cotisations et leur offre une panoplie de services, dont des conseils en choix et financement de formation. J’avais donc rencontré une conseillère qui m’avait expliqué les arcanes du système et enjointe à demander à Pôle Emploi si je pouvais déposer un dossier de demande d’Aide Individuelle à la Formation.
C’est donc avec cet objectif en tête que je suis arrivée à mon nouvel entretien chez Pôle. Et c’est justement ce que voulais me proposer ma conseillère qui m’a dit qu’elle avait reçu une circulaire annonçant que les chômeurs pouvaient faire une demande de financement même pour des formations en dehors du cadre prédéfini… Je n’apprendrai que plus tard que ce cher François ayant annoncé depuis des mois qu’il allait former 500.000 chômeurs, cherchait quelques promesses qu’il pourrait réussir à tenir avant la fin de son quinquennat.
J’ai donc décidé de me lancer dans la rédaction du meilleur dossier de financement de l’année.
Au lieu des 2 devis et de la lettre de motivation demandés, j’ai travaillé comme rarement pendant un mois et rendu fébrilement un dossier de 25 pages dont j’étais et suis toujours très fière.
La réponse est tombée quelques jours plus tard : la première partie de la formation, soit 6 mois et la modique somme de 8.000€, serait entièrement prise en charge par Pôle, mon nouvel ami !

Après plusieurs déceptions sur le mode « ha ben c’est dommage que vous n’ayez pas demandé le financement il y a 2 mois » ou « à 6 mois près, c’est super Gérard qui te formait », enfin une parole réconfortante de ma conseillère : « Vous n’auriez jamais obtenu ça il y a 3 mois. Je suis vraiment contente pour vous ! ».
Moi aussi.